Analyste politique - risque et relations internationales

COVID19

Quand l’efficacité du masque fait jaser

Un rapport récent de l’INSPQ sur l’efficacité du masque face à la COVID-19 a semé une certaine consternation dans la sphère médiatique, puisque les chercheurs n’étaient pas en mesure de confirmer l’efficacité ou l’inefficacité du masque non-médical. Dans un contexte où les conspirationnistes antimasques sont de plus en plus visible, des journalistes se sont questionnés sur la pertinence de rendre publique une telle étude.

On va le voir, même si la communication auprès du grand public de ce travail de l’INSPQ était confuse, ses conclusions éclairent quand même les politiques publiques… Et confirment qu’il faut porter le masque!

Que dit l’étude?

L’INSPQ avait reçu le mandat d’évaluer l’efficacité de différents types de masque contre la COVID-19. Pour ce faire, elle a réalisé ce qu’on appelle une méta-analyse: ce genre d’étude vient faire la recension des autres études sur un même sujet et en cumulent tous les résultats, pour obtenir un portrait global de l’état de la recherche scientifique sur ce sujet (ici, l’efficacité des masques contre la COVID-19).

Sans entrer dans le fin détail, ce que l’étude vient nous dire c’est qu’on peut démontrer l’efficacité des masques chirurgicaux et du N95, mais que malheureusement, on n’a pas encore assez de données fiables sur les différents types de masques non-médicaux ou artisanaux pour savoir lesquels sont à recommander et lesquels ne sont pas efficaces. Autrement dit, il y a une lacune dans la recherche sur le masque non-médical qui doit être corrigée.

Que faire de cette étude?

Il faut savoir que si le gouvernement du Québec recommande/impose le port du masque, il laisse à la population le choix du masque à porter. Comme on vient de le voir, l’INSPQ peut uniquement conclure à l’efficacité des masques médicaux. Est-ce que la population devrait porter ce type de masque? Dans un monde idéal, oui. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal et plusieurs doivent plutôt se tourner vers les masques non-médicaux. Et c’est ici que le manque de données relevé par l’étude peut créer un flou. On peut quand même recommander le couvre-visage non-médical, puisque même si on ne sait pas lesquels sont efficaces, on peut présumer que certains vont l’être. Ainsi, si seulement une partie de la population n’est pas bien protégé en raison d’un masque inefficace, cela vaut mieux que de n’avoir personne de protégé.

Évidemment, ce n’est pas une situation idéale. Le gouvernement pourrait donc mandater l’INSPQ afin de réaliser rapidement une étude sur les masques non-médicaux. Quand même bien une telle étude ne ferait qu’évaluer les principaux modèles de masque vendus actuellement au Québec, cela fournirait des données déjà plus complètes que celles dont on dispose actuellement. La pandémie progresse rapidement, la recherche scientifique doit s’y adapter et accepter de ne pas avoir toutes les réponses, ni les études les plus complètes, pour chaque question. Et la population – incluant les médias – doivent le comprendre et l’accepter aussi.

En attendant, quel que soit le masque que vous avez sous la main, n’oubliez pas de le porter!