Alors que la deuxième vague de la pandémie frappe au Québec, savoir comment la COVID-19 se répand est primordial pour mieux contrôler les éclosions. Le respect des mesures sanitaires et un dépistage ciblé sont les clés pour réduire la fameuse courbe.
Il existe deux façons de mesurer la propagation d’un virus, selon qu’il se répand lentement et uniformément dans la population ou de façon aléatoire, par éclosions. Ces deux façons peuvent être mesurées respectivement par le facteur R0 et le facteur k. Le facteur R0 est basé sur le nombre de personnes que va infecter une personne infectée, en moyenne (ainsi, plus le facteur R0 est élevé, plus une maladie se répand rapidement). De son côté, le facteur k se mesure sur une échelle de 0 à 1 et permet d’illustrer le risque que chaque personne infectée répande la maladie. Plus le facteur k est bas, plus le risque est faible.
Dans le cas de la COVID-19, c’est le facteur k qui permet de mieux expliquer sa propagation. Les estimations scientifiques placent ce facteur autour de 0.1 pour la COVID-19, ce qui veut dire que normalement 70 à 80 % des cas ne vont pas ou peu infecter d’autres personnes (autrement dit, 20 à 30 % des cas sont responsables de la majorité des infections). Mais attention, le mot-clé ici est “normalement”: en effet, toute personne infectée par la COVID peut infecter d’autres personnes si les conditions sont réunies. Et quelles sont ses conditions? C’est plutôt simple: un espace clos, mal aéré, avec beaucoup de gens.
Il faut aussi tenir compte des périodes d’incubation du virus: en général, une personne contaminée devient contagieuse en 24 à 48 h, alors que plusieurs jours peuvent s’écouler avant qu’elle ne ressente des symptômes (si elle en ressent) et ne pense à se faire dépister. Une éclosion peut donc facilement se déclencher et connaître deux ou trois vagues de contagion avant qu’elle ne soit découverte, retracée et contenue.
La question qui se pose alors est comment prévenir la propagation du virus alors qu’on sait que celle-ci est plutôt imprévisible. Premièrement, il faut agir sur les conditions favorisant la contamination, ce qui est fait avec les mesures sanitaires de base: respecter la distanciation sociale, se laver les mains, porter le masque et limiter la taille des rassemblements (surtout intérieurs). Deuxièmement, il faut rapidement retracer les personnes infectées afin de limiter les éclosions. En effet, face à un virus qui se propage par éclosions aléatoires, si ces éclosions ne sont pas contenues, non seulement elles vont faire plus de victimes, mais on finira par se retrouver avec une contagion communautaire soutenue qui n’a pu rien d’aléatoire et qui augmente régulièrement et de façon exponentielle.
La question du dépistage
À cet égard, un dépistage qui vise les gens les plus à risque d’être contaminés et de contaminer d’autres personnes s’impose. Pourquoi? Parce qu’un dépistage trop large va non seulement dépister trop de gens n’ayant pas la COVID, mais aussi plusieurs personnes qui l’ont, mais qui ne vont probablement pas la transmettre (considérant le faible facteur k du coronavirus). Dans un contexte où le dépistage demande du temps, tout comme l’enquête de traçage, se concentrer sur les cas qui vont probablement être les plus problématiques aura un impact plus grand, même au risque d’échapper certains cas qui vont générer des éclosions.
Pourquoi cet impact plus grand? Comme on l’a vu plus haut, en raison des délais avant qu’une personne ne devienne contagieuse et, ensuite, ressente des symptômes, plusieurs jours peuvent se passer. Si on ajoute à cela encore quelques journées pour le dépistage et le traçage (comme on le voit dans plusieurs centres de dépistage actuellement), cela ne fait qu’augmenter les risques d’éclosion et leur ampleur. En concentrant le dépistage aux cas pouvant être les plus contagieux, on réduit probablement le nombre de tests, ce qui permet de réduire les délais, donc de réduire l’ampleur des éclosions puisqu’on peut intervenir plus rapidement.
Une façon de cibler les cas potentiels les plus problématiques est d’avoir recours aux tests rapides, comme ceux que Santé Canada vient d’approuver, même si leur efficacité n’est pas absolue. Statistiquement parlant, s’il n’y a pas d’éclosion en cours dans un groupe donné et que ces tests rapides échouent à trouver les quelques cas asymptomatiques, les chances qu’une éclosion surgisse dans ce groupe sont très faibles. Il ne vaut alors pas la peine d’effectuer un dépistage traditionnel (qui demande beaucoup de ressources) sur ce groupe. D’un autre côté, si ces tests détectent quelques cas dans un même groupe, cela signifie qu’il y a très probablement d’autres cas positifs dans ce groupe et qu’une éclosion est en cours. On sait donc qu’il faut effectuer un dépistage traditionnel afin de savoir qui a la COVID-19 et les mettre en quarantaine.
En conclusion
La propagation de la COVID-19 est loin d’être simple à prévoir, puisque les éclosions peuvent être aléatoires. Cependant, en appliquant les mesures sanitaires de base, on peut fortement réduire le risque d’éclosion. De même, en effectuant un bon ciblage des évènements et personnes les plus à risque, on peut plus facilement trouver et contrôler les éclosions, avant qu’elles ne dégénèrent.