Alors que notre quotidien est ponctué des mesures sanitaires pour lutter contre la COVID-19 et les impacts économiques de ces mesures (notamment sur l’emploi), il est facile d’oublier que la pandémie ne connait pas les frontières et que plusieurs efforts internationaux sont en cours. Mais quel est l’impact de ces efforts sur le Québec?
Les efforts internationaux
On sait que la pandémie a des effets sur la santé, mais aussi sur l’économie. Actuellement, les efforts internationaux sont essentiellement concentrés sur l’aspect santé et se divisent entre trois groupes d’acteurs: les organisations internationales, les ententes entre États et la recherche scientifique. Il faut aussi noter que ces efforts ne sont pas unifiés, bien au contraire! Politiquement, on aurait pu espérer que les États-Unis agissent comme une sorte de « leader » face à la pandémie, mais ce n’est pas ce qui est arrivé.
D’une part, l’administration Trump a fortement diminué les capacités des Centers for Disease Control (l’équivalent de la santé publique américaine) au début de son mandat, avant de le faire de nouveau durant la pandémie. Si le CDC a toujours fait figure de référence mondiale en terme de santé publique, son manque de capacités l’empêche de collaborer autant qu’il ne le voudrait au niveau mondial, donc encore moins aider à la coordination des efforts mondiaux. D’autre part, l’administration Trump a aussi retiré les États-Unis de divers organismes internationaux depuis quelques années, dont l’OMS au printemps dernier. Ainsi, le pays qui aurait pu permettre une coordination mondiale forte n’a pas pu le faire, forçant les États à s’organiser autrement.
Cela nous amène donc aux organisations internationales. Auraient-elles pu assurer cette coordination? Pas vraiment, puisque les États ont tendance à ne pas se « soumettre » à ces organisations. De plus, les trois principales organisations sollicitées ici sont des organisations qui servent généralement à coordonner les efforts mis de l’avant par les États: l’OMS, l’ONU et la Croix-Rouge. Du côté de l’ONU, l’accent est sur la mise sur pied de fonds d’urgence pour les pays moins riches, notamment pour la reprise économique future. L’OMS de son côté facilite le partage de la recherche scientifique et des pratiques sanitaires sur la COVID-19. À cet égard, elle est devenue la principale référence pour les pays en voie de développement. Finalement, la Croix-Rouge, comme à son habitude, fournit de l’assistance logistique ponctuelle à travers ses branches locales lorsqu’une crise survient.
Les pays étant donc les principaux acteurs internationaux pour faire face à la pandémie, et en l’absence d’un « leader » commun, ils ont donc recours à différentes ententes bilatérales. Le besoin de ces ententes s’est d’ailleurs fait sentir très rapidement: dans les premiers mois de la pandémie, ce manque d’ententes a rendu très difficile l’approvisionnement en matériel médical de plusieurs pays, tout comme le rapatriement des citoyens à l’étranger. De la même façon, la fermeture de plusieurs frontières ne s’est pas faite sans heurts, notamment au niveau économique. Les mois passant, les gouvernements ont donc multiplié les ententes, tant au niveau de l’approvisionnement que de l’aide internationale aux pays moins développés et pour la distribution d’un éventuel vaccin. Ces ententes ne sont pas parfaites et entraînent de la compétition entre États par moment, mais au moins il y a désormais une coopération plus grande qu’au printemps dernier.
Le dernier type d’efforts internationaux qu’on voit actuellement concerne la recherche scientifique sur le virus. De façon générale, la recherche scientifique est souvent le théâtre de collaboration entre différents groupes de recherche à travers la planète et on le voit ici aussi, dans la recherche de traitements et de vaccins contre la COVID-19. Plusieurs gouvernements ont fourni du financement à des entreprises pharmaceutiques et des centres de recherche universitaires. On en voit aujourd’hui les impacts bénéfiques, alors que plusieurs essais cliniques mondiaux sont en cours, tant pour des traitements que pour des vaccins.
L’impact sur le Québec
Évidemment, le Québec n’étant pas un État souverain, sa capacité de contribuer aux efforts internationaux est plus limitée que celle du Canada… Mais sa capacité de bénéficier de ces efforts internationaux est bien en place, au-delà des renforts de la Croix-Rouge canadienne dans les CHSLD.
Du côté de la contribution, le gouvernement du Québec a offert du soutien financier a différents projets de recherche, notamment dans le cadre d’un traitement avec l’étude COLCORONA de l’Institut de cardiologie de Montréal, qui se réalise avec des partenaires à travers la planète. De plus, le Québec a soutenu la mise sur pied au Québec de chaînes de production de matériel de protection médical. Si le but premier est de réduire (voir éliminer) le risque de rupture de stocks de ces équipements, le premier ministre Legault avait affirmé à l’époque que rien n’empêcherait d’écouler les surplus au reste du Canada ou sur les marchés internationaux. Finalement, la santé publique du Québec collabore avec ses homologues à travers la planète pour échanger des informations et des données sur les meilleures pratiques pour lutter contre la pandémie.
Pour ce qui est des bénéfices des efforts internationaux, le Québec n’est pas en reste. D’une part, la collaboration au niveau de la recherche se fait dans les deux sens: autant la province y contribue, autant elle en retire aussi des bénéfices. L’exemple de l’étude COLCORONA est parlant: même si l’étude est «québécoise», effectuer des essais sur des personnes à travers la planète permet d’avoir les résultats de l’étude beaucoup plus rapidement. D’autre part, le Québec bénéficie des ententes que le gouvernement fédéral a conclues avec des fabricants d’équipements médicaux et de vaccins potentiels, puisque ces ententes sont destinées à servir les provinces.
Du côté économique, le Québec se retrouve cependant dans une position difficile. Comme son économie dépend fortement de l’accès aux marchés mondiaux (tant pour importer qu’exporter), cela signifie que la province se retrouve soumise aux actions du gouvernement fédéral à ce chapitre. Ainsi, la fermeture des frontières a, à toutes fins utiles, réduit à zéro le nombre de touristes internationaux dans la province, alors que nos échanges avec les États-Unis ont aussi été fortement perturbés cette année. La question des frontières va rester centrale pour la reprise économique mondiale à venir et le Québec restera donc dans cette position inconfortable pour encore quelques mois, forçant le gouvernement à encourager une économie «nationale», le fameux «acheter local».